Syntec Numérique : Vous évoquez l'avènement du « juriste numérique ». Qu'entendez-vous par là ?
Estée Artis : Le numérique fait nécessairement évoluer le métier de juriste, surtout pour ceux et celles qui comme moi, sont consultants dans un cabinet spécialisé en transformation numérique. Il ne s'agit plus seulement d'avoir des compétences juridiques, mais d'accompagner les clients dans le cadre de la gestion des projets, l'analyse des risques, la protection des données personnelles, etc. Notre équipe compte des juristes de profils très différents, capables de mener des audits, de travailler en étroite collaboration, par exemple, avec des ingénieurs en cybersécurité. C'est dans ce cadre que se dessine le nouveau rôle de juriste numérique. La fonction de ce juriste « augmenté » se situe au carrefour des métiers : il lui faut comprendre les aspects techniques des traitements (tant les processus que l’environnement IT), se faire comprendre des métiers qui traitent des données tout en étant très opérationnel. Il est certes un garde-fou, mais il doit surtout accompagner les métiers dans l’élaboration de leur stratégie et le déploiement de leur activité. C'est donc un accélérateur de projet. Cette fonction va se développer rapidement dans les entreprises pour accompagner leur transformation numérique, faire comprendre les enjeux, fluidifier les processus en interne et amener les collaborateurs à plus d'autonomie sur les sujets liés au numérique, dans un contexte international, tout en respectant les législations française et étrangère.