Numeum et Bitkom, organisations professionnelles française et allemande du numérique, proposent dans une note de position commune des mesures visant à consolider l’écosystème européen des startups et des scaleups.

Pour Numeum et Bitkom, l'Union européenne doit se doter d'une stratégie efficace. Cette dernière consisterait à se concentrer sur quelques champions, dont les 10 milliards d’euros de fonds prévus dans le cadre de « l’European Tech Champions Initiative (ETCI) » et les mesures européennes ciblées de soutien au business profiteront, grâce à un effet de ruissellement, à l'ensemble de l'écosystème technologique et donc à l'économie européenne. Pour ce faire, il est nécessaire que l’Europe définisse clairement ses cibles stratégiques et propose un cadre propice à l’émergence de nouveaux champions européens autour de trois axes clés :

  1. Un cadre législatif et réglementaire européen clair et homogène ;
  2. Des leviers qui incitent les grands acteurs publics et privés à devenir très tôt des clients des acteurs disruptifs européens ;
  3. Un environnement de travail européen attractif.

Pour répondre à ces enjeux, Numeum et Bitkom formulent ainsi 8 recommandations à destination des décideurs politiques européens.

Concevoir des règles du jeu économiques et législatives équitables :

  1. Harmoniser la législation européenne pour favoriser l’émergence de startups prometteuses et innovantes. Pour s'assurer que les nouvelles réglementations n’auront pas d’effets négatifs involontaires, l’Union européenne pourrait solliciter ces acteurs en amont  afin qu’ils puissent en vérifier l’impact.
  2. Définir objectivement les termes et les cibles (Deeptech, Startup, Scaleup) pour une approche tactique au niveau européen ;
  3. Promouvoir de nouveaux bacs à sable réglementaires pour les startups deeptech au-delà du niveau national.

Soutenir le développement du business des startups européennes en complément du financement :

  1. Mettre en oeuvre une véritable stratégie de préférence européenne pour guider les acheteurs publics européens dans leurs choix technologiques ;
  2. Repenser et couvrir le risque (ou plutôt la perception du risque) lié à la commande privée:
    • Repenser la définition comptable des quasi-fonds propres ;
    • Créer des incitations pour encourager les entreprises privées à contractualiser avec les startups ;
    • Financer l’assurance des contrats privés (ou des financements en quasi-fonds propres qui viendraient accompagner ces contrats) à partir d’un certain montant.
  3. Renforcer la diversité sur la scène européenne des scaleups, par exemple en :
    • Imposant qu’au moins 30 % de postes à responsabilité des membres de l’ETCI soient occupés par des femmes ;
    • Encourageant les sociétés de capital-risque à s'engager à publier des rapports en matière de diversité.

Faire face à la pénurie des talents en proposant un environnement de travail européen attractif :

  1. Faire de l’Union européenne une place de choix dans le monde en offrant des conditions de travail attrayantes et en facilitant l'immigration des pays non européens vers l'Europe. Cela pourrait passer par une harmonisation à l’échelle européenne des règles sur les stock-options pour les salariés des entreprises qui opèrent dans plusieurs pays ;
  2. A court terme, mettre en place une plateforme en ligne qui proposerait des contrats de travail types, des informations pratiques, notamment sur la fiscalité, pour chaque État membre. A plus long terme, créer un contrat de travail européen pour les startups technologiques identifiées comme stratégiques par l’Europe. Un tel contrat offrirait en effet de la flexibilité aux entreprises en matière de recrutement et leur permettrait de répondre aux attentes des salariés en termes de mobilité. Pour les entreprises, cela leur permettrait également d’avoir une meilleure lisibilité sur les coûts du travail et donc davantage de sécurité juridique.

A noter que les startups qui pourraient bénéficier de ces mesures sont celles qui seraient éligibles aux critères de définition à venir de la Commission européenne afin d’être labellisées, et dont les technologies reposent en majorité sur des solutions européennes (serveurs, hébergement, etc.).En procédant ainsi, l’Europe ferait le pari de miser sur quelques leaders technologiques en devenir,  mais l'effet de ruissellement résultant de ces mesures profiterait ainsi à l'ensemble de l'écosystème en renforçant la chaîne de valeur européenne.

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« Nous saluons la continuité de l’engagement européen en faveur du financement des écosystèmes de startups » explique Guillaume Buffet, Administrateur Numeum chargé des startups. « Mais nous appelons aussi nos institutions à soutenir le développement du « business » des startups européennes ! Les achats directs des collectivités et des acteurs publics européens, comme l’incitation forte des acteurs privés, doivent devenir des leviers prioritaires du soutien à la tech européenne. Un euro de chiffre d'affaires, c’est au moins aussi efficace que deux euros levés. L’un ne peut vivre sans l’autre ».
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Guillaume Buffet

Administrateur Numeum chargé des startups
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Bernhard Rohleder, CEO Bitkom, déclare que : « A strong startup ecosystem and the creation of technological champions can make an important contribution to maintaining European competitiveness and the digital sovereignty of the European Union. For startups to grow, we need to provide them with the right framework: in addition to enough capital, this also means easier access to European markets, the promotion of key technologies, and the creation of an attractive location for the best talents in the world. Because one thing is clear: today's startups are tomorrow's global players ».
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Bernhard Rohleder

CEO Bitkom