Grâce aux méthodes agiles et aux outils collaboratifs, le numérique facilite la capitalisation des connaissances, gage d’efficacité accrue en entreprise pour le juriste.  

Nous appliquons en interne les mêmes méthodes agiles qu'IBM utilise avec ses clients. Nous travaillons en mode projet et en collaboratif.

Syntec Numérique : Comment le numérique impacte-t-il votre métier ?

Vanessa Gourmelon : L'explosion des nouvelles technologies numériques, notamment du cloud, a eu un fort impact sur les contenus. Aujourd'hui, les problématiques que nous traitons tournent beaucoup autour de la donnée, de sa localisation, surtout depuis l'entrée en vigueur du RGPD. Pour chaque nouvelle recommandation ou réglementation applicable au secteur banque – assurance sur lequel je travaille, nous devons ajuster les obligations contractuelles pour nos clients et mettre en œuvre une solution technique qui traduit une exigence juridique. Pour cela, nous devons comprendre les besoins des clients et accompagner les commerciaux en interne, répondre à leurs questions, les aider à négocier et rédiger les clauses contractuelles.
 

SN : Le numérique a-t-il également un impact sur la façon dont s'exerce le métier ?

V. Gourmelon : Oui ! Nous appliquons en interne les mêmes méthodes agiles qu'IBM utilise avec ses clients. Nous travaillons en mode projet et en collaboratif. Les outils numériques facilitent le développement de communautés thématiques, qui communiquent et échangent très simplement. Quand une nouvelle clause apparaît, par exemple, le juriste peut s'adresser à la communauté « réglementation bancaire » et obtenir rapidement des précisions et des explications. Alors qu'avant, il fallait accéder au texte, l'analyser seule et trouver des compléments d'information...C'était une vraie perte de temps ! Le numérique améliore notre efficacité et nous permet de nous concentrer sur des tâches à forte valeur ajoutée. C'est une collaboration à la fois trans-fonctionnelle et transculturelle. Par exemple, j'ai créé un atelier de réglementation bancaire auquel participent beaucoup de mes collègues. Nous organisons des visioconférences régulièrement pour aborder différents aspects de notre métier. Et aujourd'hui, nous travaillons aussi en mode projet avec les clients avec qui nous négocions.

SN : Traitez-vous de problématiques nouvelles liées au numérique ?

V. Gourmelon : J'ai parlé du cloud, mais il y a aussi la blockchain et l'intelligence artificielle, l'IA. Plus qu'une problématique nouvelle, l'IA qu'IBM développe dans ses solutions Watson, commence aussi à pénétrer le domaine juridique. Déjà les cabinets d'avocats peuvent s'en servir pour analyser les contrats. L'IA ne remplacera pas les juristes dans les négociations par exemple, mais elle fera tout le travail d'analyse En soulageant les juristes du travail répétitif et en libérant du temps, l'IA va leur permettre de développer de nouvelles compétences, de s'approprier et de développer les outils numériques. Demain, les juristes coderont peut-être…

SN : Comment les juristes acquièrent-ils ces nouvelles compétences ?

V. Gourmelon : Chez IBM, nous avons accès à beaucoup de formations en visioconférence et en présentiel sur des sujets variés. Les nouvelles compétences arrivent aussi via les recrutements. Plus les juristes que nous recrutons sont jeunes, plus ils maîtrisent le numérique. Ils s'adaptent vite et ils sont très moteurs sur les nouveaux outils comme, par exemple, pour utiliser les solutions collaboratives.