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Comment la diffusion des TIC peut constituer un levier de la croissance des économies du SUD. Par Franck Cohen, Président SAP EMEA
La lutte contre la pauvreté et l’exclusion, au Sud comme au Nord, passe par le développement d’entreprises et de marchés capables de répondre aux besoins essentiels (nutrition, santé, énergie, logement, mobilité, etc.) des populations pauvres (« base of the pyramid » - BoP), soit la majeure partie de la population mondiale.
Dans ce contexte, le business inclusif vise à stimuler une croissance économique durable et créatrice d’emplois en veillant à ce que les communautés et les petites entreprises sur le terrain puissent se développer et faire ainsi prospérer ces marchés, indispensables à la vie des populations concernées.
Ces marchés sont des opportunités de développement pour les entreprises des pays du Nord, lesquelles s’associent le plus souvent avec des ONG, des institutions publiques nationales et internationales ainsi qu’à des acteurs locaux du secteur marchand ou de l’économie sociale et solidaire.
Ces approches au croisement du « business as usual » et de la responsabilité sociétale des entreprises sont l’occasion d’innovations technologiques ou d’usages et nécessitent la co-construction et la mise en œuvre de nouveaux modèles économiques prenant en compte la réalité des clients à très faibles revenus ainsi que des infrastructures locales.
Les technologies de l’information et de la communication y tiennent une place particulière dans la mesure où leur diffusion constitue un levier majeur de transformation et de croissance des économies du Sud comme elles l’ont été et le sont encore pour les économies des pays développés.
SAP, leader mondial dans le secteur des progiciels de gestion, intervient sur ces marchés et élabore des solutions qui prennent en charge les problématiques de gestion des micro-entrepreneurs mais également leurs relations avec les grandes entreprises du Sud et du Nord qui sont ses clients traditionnels.
Au Ghana, SAP, en partenariat avec PlaNet Finance, fournit une solution innovante combinant microcrédit, formation et technologies mobiles pour aider les productrices des zones rurales à optimiser leur cueillette et la transformation des noix de karité ainsi que leur capacité de négociation.
PlaNet Finance fournit un soutien technique aux institutions de micro finance partenaires pour perfectionner et développer des nouveaux produits de crédit pour leurs clientes. Les femmes productrices peuvent ainsi investir dans leur activité, payer l’accès aux soins de santé, et stabiliser leurs revenus tout au long de l’année.
SAP a développé un outil de gestion de la filière permettant l’identification par code barre des lots (noix et beurre) depuis la productrice jusqu’au client final. Ce système garantit une juste rétribution de chaque cueilleuse et offre une traçabilité parfaite essentielle dans le secteur de la cosmétique.
Grâce à des téléphones portables et une application logicielle intégrée, les productrices ont accès aux prix des marchés en temps réel. En leur permettant de sélectionner les meilleures offres, cet outil renforce leurs capacités de négociation et augmente leurs profits en réduisant le nombre d’intermédiaires.
Aujourd’hui, plus de 5000 femmes font partie du réseau StarShea et ont vu leurs revenus augmenter significativement. Selon une étude réalisée par l’université de Stanford, l’augmentation pour certaines va jusqu’à 80 % .
A l’origine financé à 100% par SAP, le réseau bénéficie désormais de l’aide de l’Union Européenne et de l’Agence Française de Développement. Depuis quelques mois une entreprise sociale et solidaire a été créée pour prendre le relais et développer le réseau ainsi que les ventes auprès des acheteurs internationaux.
Avec ce projet, SAP a pu tester la faisabilité de solutions mobiles pour ce type d’activité et enrichir sa recherche et développement, ce qui permettra à terme de commercialiser ces outils auprès d’autres entreprises et micro-entreprises dans les pays en voie de développement. Des projets similaires sur d’autres productions agricoles (café, coco, coton, cacahuète, noix de cajou, dattes…) sont en cours en Afrique, au Moyen-Orient et en Inde.
Dans le monde, on dénombre quelque 400 millions de micro-entreprise produisant des biens et services dont 85% dans les pays émergents. La plupart de ces micro-entreprises ne comptent qu’un seul employé et appartiennent au secteur informel.
Une étude présentée lors de la 18ème conférence européenne sur les systèmes d’information en 2010 montre qu’en Afrique du Sud plus de la moitié des micro-entreprises expriment des besoins en matière de solutions logicielles, alors que moins de 20% en disposent.
Les principaux freins à la diffusion des solutions fournies aux autres segments de marché sont :
• des coûts d’acquisition trop élevés,
• des fonctionnalités trop sophistiquées,
• la nécessité de disposer d’un micro-ordinateur, d’une connexion Internet ainsi que de compétences informatiques.
Une solution acceptable repose sur un modèle économique sans coût d’acquisition initial, sur un paiement à l’usage (SaaS – Software as a Service), et sur la mutualisation des infrastructures (Cloud). L’applicatif doit également être conçu spécifiquement, pour et avec des micro-entrepreneurs, (développement en Living Labs) et tirer parti des possibilités offertes par les dispositifs mobiles (téléphones et Smartphones). De plus, la solution ne doit nécessiter qu’une formation minimale et aucune maintenance technique.
SAP travaille sur ces bases en Inde et en Afrique. Des tests en vraie grandeur sont en cours avec des micro-entrepreneurs distribuant des biens de consommation sur la base d’une solution dénommée SAP Retail Network qui intègre tous les acteurs de la chaîne (fabricants, distributeurs, grossistes, banques, micro-entreprises de distribution) autour de fonctionnalités liées à l’approvisionnement, aux ventes, aux paiements, à la gestion des clients et des fournisseurs ainsi qu’à celle des stocks.
Au-delà des seuls aspects technologiques, la diffusion et l’usage de ce type de solutions reposent sur la mise en œuvre de modèles économiques innovants associant les micro-entrepreneurs, les grandes entreprises dont ils distribuent les produits ou à qui ils fournissent des biens ou des services, les banques, les ONG et fondations qui se consacrent à la lutte contre la pauvreté, ainsi que les pouvoirs publics et les bailleurs publics nationaux et internationaux.
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