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Les « vieux » modèles d’apprentissage ne rendent plus compte des réalités que nous vivons dans nos sociétés numériques et numérisées. L'état de "connexion généralisée" doit être considéré comme un processus d’apprentissage en soi. Par Marie Borrel, Chef de projet & consultante e-learning
Le monde de la formation glose de longue date les théories et modèles de l’apprentissage. Modèle transmissif, béhaviorisme, cognitivisme, constructivisme, socioconstructivisme... Toutes ces approches correspondent à des pratiques courantes dans l’apprentissage actuel, y compris dans celles qui intègrent les TIC.
Depuis quelque temps, un petit nouveau fait parler de lui : le « connectivisme ». En bon dernier arrivé, il travaille dur pour affirmer sa légitimité. Pour ses inventeurs, les canadiens George Siemens et Stephen Downes, le doute n’est pourtant plus permis : les « vieux » modèles d’apprentissage ne rendent plus compte des réalités que nous vivons dans nos sociétés numériques et numérisées. Selon eux, nous développons sans cesse de nouvelles connaissances en twittant, bloguant, téléchargeant, visionnant, MOOCsant (Massive Open online Content)… Autrement dit en échangeant, réagissant, commentant, suggérant, critiquant, annotant, de plus en plus en temps réel et quels que soient le support, la langue, la culture, le média, l’interlocuteur… Cet état de connexion généralisée serait un processus d’apprentissage en soi, qui se satisferait difficilement de parcours linéaires, de transmission unilatérale de savoirs et de mémorisation à partir d’un corpus de données limité et prédéterminé.
De quoi s’agit-il ?
Les cinq composantes du connectivisme sont la communication, la collaboration, la motivation, la créativité et l’intégration. Ces composantes se déclinent elles-mêmes en un certain nombre de principes dont voici quelques extraits qui permettent de s’imprégner un peu de la philosophie connectiviste :
Créer des blogs, utiliser des wikis, ouvrir et partager les ressources, diversifier les supports, découvrir une personnalité directement à la source (visioconférence, archives, podcast…), fournir des ressources complémentaires, faire enquêter sur l’authenticité d’une source, faire contribuer un réseau d’experts, encourager le transdisciplinaire, créer un portail etc. Autant de pratiques que développent déjà spontanément bon nombre d’enseignants/formateurs, mais plus souvent dans une démarche expérimentale et ponctuelle que construite et systématique.
Pour un enseignant/formateur, adhérer au connectivisme consiste d’abord à réinterroger son approche de la formation en optimisant la valeur des réseaux. Les liens entre les éléments de connaissances construisent un savoir toujours plus intégré, à condition d’accorder de la valeur à la capacité d’objectivation de l’apprenant. Et cette condition a son importance car un apprentissage qui n’est pas nommé par celui qui est en train d’apprendre se transfère moins bien et demeure volatile.
En favorisant cette «connexion», l’enseignant/le formateur/le modérateur/le médiateur/le parent aide l’apprenant/le stagiaire/le contributeur/le blogueur/l’enfant à organiser ses apprentissages à partir de ce qu’il sait déjà. Toute nouvelle matière s’intègre mieux quand on permet à l’apprenant d’activer ce qu’il connaît, perçoit ou devine a priori du sujet (meilleure assimilation).
Un autre bénéfice du connectivisme réside dans la valorisation de l’engagement et de l’implication de l’apprenant, tout en permettant un suivi permanent et une rétroaction immédiate éventuelle de la part du tuteur.
Comme toute théorie appelle ses sceptiques, certains sont prudents et préfèrent parler de néo-socioconstructivisme, voire même d’une simple vision pédagogique, citant à l’envi des visionnaires tels Vygotsky qui, bien avant le numérique, pressentait l’importance des échanges entre apprenants, des travaux collaboratifs, des interactions avec l’environnement et de la connaissance rhizomatique.
Le connectivisme rappelle en tout cas que l’apprentissage est modifié lorsque de nouveaux outils sont utilisés et qu’il ne se fait plus de façon individualiste. Il propose également un panorama des aptitudes d’apprentissage et des tâches nécessaires pour l’épanouissement des apprenants à l’ère numérique.
Alors, nouveau modèle d’apprentissage ou pas ? S’il est difficile de conclure sur ce vaste débat, il est toujours possible de le nourrir dans un bel élan connectiviste : à vos claviers !
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