Open Source : Numeum lance un appel pour soutenir ce moteur méconnu de la compétitivité numérique européenne

L’Open Source irrigue l’ensemble des infrastructures numériques européennes. Présent dans 96 % des logiciels, il est utilisé par la majorité des entreprises et administrations publiques. Pourtant, il reste sous-estimé, sous-financé et rarement considéré comme un levier stratégique. Numeum alerte sur ce paradoxe dans un manifeste politique et propose un plan d’action clair pour en faire un pilier de la compétitivité et de l’autonomie stratégique numérique de l’Union européenne.
Pourquoi l’Open Source est bien plus qu’une solution technique
L’Open Source repose sur un principe simple : un code accessible, modifiable, partageable librement. Contrairement aux logiciels dits « propriétaires », il n’enferme pas les organisations dans des environnements fermés. Il leur redonne la maîtrise de leurs infrastructures, tout en stimulant l’innovation et la coopération.
C’est un modèle collaboratif éprouvé, qui permet de concevoir des logiciels robustes, évolutifs, audités par des milliers de développeurs à travers le monde. En mutualisant les ressources et les efforts, l’Open Source limite les redondances, accélère les cycles de développement et réduit les coûts. C’est aussi un vecteur de transparence, d’interopérabilité, et donc un socle concret pour construire un numérique souverain.
8 entreprises sur 10 l’utilisent déjà
L’Open Source est déjà massivement présent dans notre quotidien numérique :
- 96 % des logiciels embarquent des briques Open Source
- Il représente entre 65 et 95 milliards d’euros de valeur annuelle dans l’Union européenne
- Son impact mondial est évalué à 8 800 milliards de dollars (Harvard Business School, 2024)
- L’Europe regroupe 18,5 millions de contributeurs, soit 15,4 % de la communauté mondiale
- En France, 8 entreprises privées sur 10 et 9 administrations sur 10 y ont recours, y compris dans des domaines critiques comme l’IA, le cloud, les télécoms, la santé ou la défense.
5 raisons de ne plus sous-estimer l’Open Source
● Un accélérateur d’innovation technologique
Avec plus de 5 millions de projets actifs dans le monde, l’Open Source est au cœur des progrès en IA, en cybersécurité, dans le cloud ou la gestion des données. Exemple en France : le projet Signaux Faibles, né de l’Open Data, détecte les entreprises en risque de défaillance via les données publiques.
● Un levier concret pour la transformation des organisations
Les entreprises — notamment les PME — s’appuient sur des solutions Open Source testées, auditées, et sans dépendance contractuelle subie. L’URSSAF, par exemple, a remplacé ses composants communautaires par des versions supportées, permettant à ses équipes de se concentrer sur leur cœur de métier. Un constructeur aéronautique a quant à lui simplifié son architecture technique et accéléré le déploiement de ses applications en s’appuyant sur des briques Open Source.
● Un gage d’autonomie stratégique face aux éditeurs dominants
L’exemple du rachat de VMWare par Broadcom (2023) — avec à la clé une explosion des tarifs et des conditions imposées — a rappelé la vulnérabilité des entreprises face aux dépendances logicielles. À l’inverse, l’Open Source permet de conserver la maîtrise du code, de l’environnement, et des décisions.
Le cloud interne du ministère de l’Intérieur a été conçu sur un socle Open Source pour garantir cette indépendance.
● Un outil clé du numérique responsable
Modulaires, réparables, durables, les composants Open Source allongent la durée de vie des matériels et évitent l’obsolescence programmée. Ils alimentent aussi des projets engagés :
- Datarchipel (empreinte carbone territoriale)
- Kepler (mesure énergétique des data centers)
- Karpenter (allocation plus sobre des ressources cloud)
● Un facteur de croissance pour l’économie européenne
Selon la Commission européenne, une hausse de 10 % des contributions européennes à l’Open Source générerait jusqu’à 0,6 % de PIB en plus — soit près de 100 milliards d’euros. Le nombre de contributeurs en Europe a été multiplié par 40 en moins de 20 ans. La France occupe une place de choix, notamment dans l’IA Open Source, avec une croissance annuelle de +22 % des communautés actives.
Ce modèle n’est pas suffisamment soutenu
Malgré son omniprésence dans les infrastructures numériques, l’Open Source reste largement sous-investi par les pouvoirs publics comme par les acteurs économiques. Il ne figure que de manière marginale dans les stratégies d’achat public, rarement dans les politiques industrielles nationales ou européennes, et encore moins dans les plans de relance ou de transformation numérique.
Souvent considéré comme une affaire d’experts ou une solution gratuite à la marge, il est cantonné à un rôle technique, là où il devrait être traité comme un actif stratégique, au même titre que les grands programmes d’innovation, les infrastructures cloud ou les technologies critiques.
Les freins sont connus : méconnaissance de son fonctionnement, craintes liées aux modèles de responsabilité juridique, manque de formation des acheteurs publics, absence de doctrine claire sur son usage. Résultat : peu d’incitations, peu de financements ciblés, peu de reconnaissance institutionnelle.
Un paradoxe, quand on sait que ce sont précisément ces communautés, ces projets et ces briques logicielles qui soutiennent déjà l’innovation, la résilience et la souveraineté numérique du continent.
4 leviers concrets pour changer d’échelle avec l’Open Source en Europe
Dans son manifeste 2025, Numeum appelle à une mobilisation politique et économique autour de 4 priorités claires :
- Intégrer l’Open Source dans toutes les transitions technologiques clés (IA, cloud, cybersécurité)
- L’inscrire dans les normes et régulations européennes, pour garantir transparence, interopérabilité et réversibilité
- Soutenir durablement les communautés de développement, garantes de la qualité et de la sécurité des logiciels critiques
- Faire de l’Open Source une brique par défaut dans les marchés publics, avec un cadre adapté et des acheteurs formés
L’Europe ne peut plus se permettre de traiter l’Open Source comme un choix secondaire. Ce n’est pas une alternative pour experts. C’est l’ossature invisible du numérique européen. Un socle de compétitivité, de durabilité et de souveraineté. À l’heure où l’Europe redéfinit ses priorités technologiques, l’Open Source ne doit plus être l’angle mort des stratégies industrielles. Il est temps d’en faire une politique publique à part entière.
Télécharger le manifeste de Numeum pour un Open Source, soutien de la compétitivité et de la croissance de l’UE :