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Economie-Marché

ESN & ICT : pivots de la transformation numérique et de l’innovation responsable

14 Nov 2025
5 minutes de lecture

Par Charles Mauclair, Président du Collège ESN & ICT – Numeum

et Xavier Niffle, Associé, Responsable Digital Audit & Innovation – KPMG France

À l’heure des ruptures technologiques, économiques et environnementales, les Entreprises de Services du Numérique (ESN) et les sociétés d’Ingénierie et de Conseil en Technologies (ICT) s’imposent comme des catalyseurs de résilience, d’innovation et d’impact.

2025 est bien plus qu’une simple année de transition. Pour l’écosystème ESN/ICT, elle marque un point de bascule. La conjoncture reste incertaine, les tensions sur les ressources s’accentuent, les cycles technologiques s’accélèrent – et pourtant, le secteur affiche une sérénité remarquable. Ce n’est pas de l’optimisme naïf : c’est le fruit d’une agilité stratégique et d’une réinvention continue de leurs modèles.

1. Un écosystème agile, au rendez-vous de la transformation

Dans un environnement où 85 % des acteurs identifient la conjoncture comme un risque majeur, 95 % des ESN et ICT déclarent pourtant avoir confiance dans leur capacité à atteindre leurs objectifs de croissance.

Cette solidité est d’abord le fruit de leur positionnement sur des offres à forte valeur ajoutée – cloud, cybersécurité, IA – qui répondent aux grands défis numériques des entreprises. 29 % des répondants placent l’investissement technologique au cœur de leur stratégie de croissance, un chiffre en hausse constante.

Mais au-delà de la technologie, c’est une véritable stratégie d’activation globale qui se déploie : diversification sectorielle et géographique, développement de partenariats stratégiques (60 %), hybridation des modèles de delivery (onshore, nearshore, offshore) pour répondre aux besoins des clients.

« Les ESN et ICT ont intégré une vérité simple : dans un monde incertain, l’agilité est la seule stabilité. » – Xavier Niffle

2. Le capital humain, levier stratégique majeur

La transformation numérique ne se fera pas sans talents. Face à une pénurie persistante, les entreprises du secteur réinventent leur modèle RH.

50 % d’entre elles ont aujourd’hui des collaborateurs identifiés comme ayant des compétences en IA ou en IA générative, et 41 % ont cartographié ces expertises dans leurs équipes. Cette donnée n’est pas anecdotique : elle révèle une maturité croissante des politiques de gestion des compétences.

La fidélisation repose toujours en premier lieu sur la rémunération, mais les attentes évoluent. La flexibilité du temps de travail, l’équilibre vie pro/perso, le développement personnel, et le sens donné aux missions deviennent des éléments centraux. Parallèlement, l’hybridation des statuts – recours aux freelances, sous-traitants, indépendants – modifie la culture d’entreprise et les pratiques managériales.

L’IA elle-même s’invite dans les RH : 52 % des ESN et ICT l’utilisent pour créer ou améliorer leurs plans de formation, et 35 % pour optimiser leurs recrutements. La fonction RH se transforme en fonction stratégique d’innovation.

« L’humain n’est plus une variable d’ajustement. Il est le cœur de la compétitivité.  » – Charles Mauclair

3. L’innovation responsable : un nouveau standard

L’innovation ne se limite plus à l’accélération technologique. Elle intègre désormais des dimensions de responsabilité, d’éthique et d’impact.

87 % des ESN et ICT suivent leur empreinte carbone, et 60 % se sont fixé des objectifs de réduction à 3 ans. Près d’un tiers visent même la neutralité carbone d’ici 2030.

Ces engagements ne sont pas seulement vertueux : ils deviennent différenciants. Dans de nombreux appels d’offres, les critères ESG (empreinte carbone, inclusion, cybersécurité, gouvernance des IA) pèsent de plus en plus lourd dans la décision finale. L’offre Tech for Good, longtemps périphérique, se structure.

Les engagements en matière de diversité et d’inclusion progressent aussi : 83 % des ESN/ICT ont un programme formel en place, avec des actions concrètes de mentorat, de formation, ou de mise en visibilité de rôles modèles.

« Le numérique responsable n’est plus un supplément d’âme. Il est devenu un levier de compétitivité. » – Xavier Niffle

4. Un secteur désormais stratégique pour la souveraineté numérique

Avec plus de 70 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 670 000 emplois en France, le secteur ESN/ICT est l’un des piliers du tissu économique.

Mais son rôle va bien au-delà des chiffres. Il contribue à l’autonomie technologique du pays, à la modernisation des infrastructures critiques (santé, éducation, services publics), et à la sécurisation des usages numériques.

Il est également un acteur majeur des territoires : 50 % des membres de Numeum sont des startups ou des TPE implantées localement. À l’heure où la souveraineté numérique devient une question stratégique, les ESN/ICT offrent une capacité unique de déploiement, d’innovation, et d’alignement entre enjeux nationaux et réalités de terrain.

5. Conclusion : bâtir un numérique de confiance, pour tous

Si 2025 est une année de transition, elle prépare un cycle de maturité nouvelle pour les ESN et ICT.

Ce sont elles qui aideront les entreprises à maîtriser les ruptures technologiques (IA générative, cybersécurité, cloud souverain), à conjuguer performance et durabilité, à renforcer la confiance entre les acteurs publics, privés et citoyens.

Loin d’un rôle d’exécutant, ces entreprises deviennent des architectes de la transformation.

Et c’est dans leur capacité à allier excellence technologique, ambition humaine et responsabilité collective que se joue aujourd’hui l’avenir du numérique en France et en Europe.